Au cœur de l’Europe, un géant du gaz s’apprête à fermer ses portes, laissant derrière lui un vide immense. Ce gisement, qui a longtemps été le plus grand du continent, a alimenté en énergie des millions de foyers pendant des décennies. Mais aujourd’hui, son histoire touche à sa fin, suscitant une vague d’interrogations et de spéculations. Quelles sont les raisons qui ont conduit à cette décision ? Quelles seront les conséquences pour l’approvisionnement en gaz de la région ? Dans cet article, nous plongerons dans les mystères entourant la fermeture de ce gisement emblématique, afin de comprendre les enjeux qui se cachent derrière cette décision inattendue.
Groningue : La fin de 60 ans d’extraction
Découvert en 1959, le gisement de Groningue, aussi appelé Slochteren, se trouve dans le nord des Pays-Bas, dans la province portant le même nom. L’exploitation du site a débuté en 1963 et a produit environ 2 300 milliards de mètres cubes (m3) de gaz jusqu’à sa fermeture, selon les estimations du consortium NAM-Shell-Exxon, ce qui en fait le plus grand gisement du Vieux Continent.
Toutefois, à mesure que l’extraction s’amplifiait, des poches vides se sont formées sous la surface, provoquant des séismes de faible magnitude qui ont secoué la région depuis une vingtaine d’années. À cela s’ajoute une donnée plus inquiétante : Jan Wigboldus, président du Conseil du gaz de Groningue, a affirmé qu’« énormément de personnes dans la province souffrent de problèmes psychologiques à cause de l’extraction du gaz ».
L’enfer de la population environnante n’est cependant pas terminé puisque les experts estiment que les séismes pourraient encore continuer durant des années. Il faut également préciser que le site est encore en « sommeil » et pourrait reprendre du service en cas de circonstances extrêmes. Les autorités ont, en effet, décidé de maintenir 11 unités d’extraction opérationnelles pour un délai d’un an comme mesure de précaution en cas d’hiver « très rigoureux ».
Tout dans les poches de l’État néerlandais
Selon Shell, les 2 300 milliards de m3 de gaz qui ont été extraits du gisement de Groningue ont rapporté 429 milliards d’euros, dont 85 % directement dans les poches de l’État. Même si cette somme a largement contribué au système de protection sociale néerlandais, un rapport publié par une commission parlementaire accuse les autorités du pays de ne pas avoir pris en compte « les risques à long terme ». La commission estime aussi que le gouvernement a une obligation morale de tenter de remédier à la situation des riverains de la région. Mark Rutte, le Premier ministre démissionnaire, a même déclaré que dans cette région, il y avait des dizaines de milliers d’enfants dans une situation précaire.
Un gisement de moins pour l’Europe
La fermeture du site de Groningue était prévue en 2022, mais La Haye a décidé de reporter la manœuvre en raison des « incertitudes énergétiques mondiales » et surtout du tarissement du gaz russe.
Si cette fermeture est une bonne nouvelle pour la population dans cette région, elle l’est beaucoup moins pour le continent européen qui semble de plus en plus dépendant des importations de GNL (gaz naturel liquéfié). La production de gaz sur le continent chute à une vitesse inquiétante, selon certains experts. Mis à part le site de Groningue, des sites norvégiens et britanniques affichent également des productions en déclin. Dans un contexte plus local, sachez que la France figure parmi les pays qui s’approvisionnaient depuis le gisement de Groningue. La situation risque donc d’être assez tendue pour l’hiver.
Cette diminution de la production de gaz en Europe soulève des inquiétudes quant à la sécurité énergétique du continent. Avec la fermeture du gisement de Groningue, l’Europe perd une source majeure de gaz naturel. Cette dépendance croissante aux importations de GNL expose les pays européens à des fluctuations des prix et à une vulnérabilité accrue face aux tensions géopolitiques internationales. De plus, la diminution de la production de gaz russe ajoute une pression supplémentaire sur l’approvisionnement en gaz de l’Europe.
Dans ce contexte, il devient essentiel pour les pays européens de diversifier leurs sources d’énergie et de développer des alternatives durables. Les investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique sont plus que jamais nécessaires pour assurer la stabilité énergétique de l’Europe à long terme. Il est également crucial de renforcer la coopération entre les pays européens afin de garantir un approvisionnement en gaz fiable et sécurisé.
La fermeture du site de Groningue marque la fin d’une ère pour l’Europe, mais elle doit également être perçue comme une opportunité de transition vers une économie énergétique plus durable et résiliente.